ASTRONOMIE - Exploration de Mars : le "Grand Canyon" de la planète rouge dévoilé en 3D

Préparez-vous à admirer Mars sous un autre jour. Loin des roches et poussières communément associées à la planète rouge, Mars Express, le satellite de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) a photographié des images captivantes du "Grand Canyon" martien.



Huit kilomètres de profondeur pour 315 km de long sur 125 km de large. La formation géologique de Hebes Chasma, sur Mars, prend des allures de Grand Canyon. Située près de l'équateur martien, elle a été capturée en 3D par Mars Express, le satellite de l'Agence Spatiale Européenne. Telle une cicatrice, elle borde le côté nord de la Valles Marineris, et résulte des mouvements tectoniques qui ont secoué la région de Tharsis.

Vues 3D du canyon.

Grâce à ces récentes images, les scientifiques espèrent pouvoir étudier Hebes Chasma ainsi que son réseau de canyons environnants afin d'en apprendre plus sur la formation géologique de Mars. Pour cela, le satellite Mars Express a déjà survolé la région à de nombreuses reprises. Toutefois, ces quelques images en très haute résolution révèle, pour la première fois, le canyon de Hebes Chasma dans toute sa splendeur et ses détails.

Mars Express a photographié la région en fonction de trois fréquences différentes afin d'offrir une vue du canyon selon des angles et des points de vue différents. En effet, les origines de Hebes Chasma et des autres canyons, créé par les forces tectoniques, sont souvent associées à la région volcanique de Tharsis. Cette dernière s'est formée au cours de l'Histoire volcanique antique de Mars.

Une formation ancienne.

Petit à petit, au cours des premiers milliards d'années de la planète, la colline de Tharsis s'est retrouvée engloutie par le magma. La croûte environnante s'est alors retrouvée sous pression, avant de finalement céder. C'est à ce moment que sont apparues les brisures et les gouffres à la surface de Mars. Parmi eux, probablement Hebes Chasma, dont le réseau de failles est particulièrement bien repérable sur les images. Les sillons formés montrent que le sol est peu résistant et facilement sujet à l'érosion.

Au centre du canyon se trouve une sorte de large plateau, particulièrement élevé avec des côtés et un sommet plats. Une particularité géologique mise en avant grâce à une carte topographique où chaque couleur correspond à une altitude différente. Elle révèle ainsi les degrés de hauteur (les plus hauts en rouge et blanc) et de profondeur (bleu et violet pour les plus bas) à Hebes Chasma.

Le gigantesque canyon est principalement composé de couches de matériaux volcaniques. Néanmoins, de la poussière martienne apportée par les vents ainsi que des anciens sédiments de lacs ont également participé à son élaboration. Jusqu'à présent, les scientifiques n'ont observé aucun canyon similaire à celui de Hebes Chasma sur Mars. De plus, les origines de sa formation n'ont pas encore été totalement découvertes.

Des caractéristiques particulières.

Les scientifiques de l'ESA ont, d'ores et déjà, repéré des formations en forme de fer à cheval, de chaque côté du plateau. Ils se sont formés lorsqu'une partie du plateau s'est effondrée dans la vallée. De nombreux dépôts de matières ont également été observés, la plupart d'entre eux provenant des murs du canyon. En effet, ces derniers comportent de nombreuses failles et s'effondrent probablement facilement.

Les chercheurs ont aussi pu apercevoir une bande de matériaux foncés entre deux bandes plus claires. Ils estiment que les matières ont été soufflées du sommet des buttes et se sont accumulées le long et en bas des pentes. Cette matière plus foncée est également présente juste au pied du plateau, provenant soit des couches du plateau, soit du sommet à cause des vents ou de l'eau.

Les données récoltées par Mars Express ainsi que le satellite Mars Reconnaissance de la NASA, révèlent que certaines parties de Hebes Chasma sont composées de minéraux qui ne peuvent se former qu'en présence d'eau. Cela pourrait révéler, qu'à un moment de l'Histoire de Mars, le canyon de Hebes Chasma a peut-être été rempli d'eau. Selon l'ESA, les débris de roches qui jonchent le sol du gouffre montrent cependant que d'importants glissements de terrains ont aussi joué un rôle majeur dans la formation de cette cicatrice géologique.