Paris (75) : Logements rue Boinod à Paris ou la flexibilité selon Davar & associés

Alors que les architectes ne cessent de condamner, en matière de logement, la montée en puissance de normes qui étouffent leur marge de manoeuvre, hommes et femmes de l'art n'ont à la fois de cesse de multiplier les astuces pour y remédier. Parmi les derniers exemples d'un précieux savoir-faire : le nouveau bâtiment du 15 rue Boinod, Paris XVIIIe, signé Davar & associés.

Bardage en panneaux de zinc patiné, ouvertures qui semblent être sculptées dans un volume varié qui fait ainsi écho aux différents tissus composant le quartier... Pas de doute : au 15 rue Boinod, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le bâtiment, livré en octobre 2013, est d'architecte.

«Lors du concours organisé en 2006, il était demandé de conserver une partie de l'ancienne construction mais, ayant procédé à un diagnostic, nous en avons conclu que l'habitabilité n'y était pas : l'opération impliquait trop de reprises et aurait été réduite à du façadisme», précise Shohreh Davar, architecte et fondatrice de l'agence Davar & associés, en faisant visiter le bâtiment.

Compris dans un programme de renouvellement urbain qui réunit une succession de réhabilitations et de constructions neuves, le 15 rue Boinod compte neuf logements entièrement neufs, dont un duplex pour couronner le tout. Neuf logements en harmonie avec leur site. «Casser oui, mais nous nous sommes engagés à respecter le rythme de la rue».

Occupant une position stratégique par sa position d'angle entre la rue Boinod et la rue du Nord, «le bâtiment emprunte d'une part au gabarit plutôt sévère de la rue Boinod pour créer ensuite une transition progressive vers celui, plus domestique, de la rue du Nord».

Pour cela, Davar & associés a obtenu une dérogation au PLU.

«Il a fallu différentes maquettes pour que notre parti pris volumétrique finisse par convaincre». Heureusement, selon l'architecte, de compter sur la solidarité de la SIEMP.

Parmi les astuces mises en oeuvre, un joint, légèrement plus prononcé que les autres, marque la transition entre les deux échelles.

«Nous avons également choisi un zinc sombre pour tenir l'angle de façon affirmée», précise Shohreh Davar. Laquelle estimait que l'aspect «artisanal» du matériau offrait une alternative de qualité à un bardage en bois qu'elle affectionne mais, «en la matière, l'industrie ne suit pas», estime-t-elle.

Autre idée bienvenue : Davar & associés a dégagé un jardin rue du Nord. «Nous avons choisi de compacter le bâtiment pour dégager cet espace qui fait écho aux jardins existants du secteur». Heureuse respiration, la surface plantée permet surtout, au regard d'une parcelle orientée nord-nord-est, d'offrir une orientation est-ouest aux logements et, de fait, un ensoleillement idéal.

Et au milieu monte l'escalier, posté à l'extérieur «pour gagner en surface habitable». Avec son garde-corps en métal ajouré qui accueille des plantes grimpantes et prolonge ainsi le jardin à la verticale, l'objet ajoute au charme du projet. Il permet surtout de desservir deux logements par étage, l'ascension étant complétée par un ascenseur qui donne sur des paliers généreusement vitrés sur l'extérieur.

Les espaces intérieurs se rapportent à la facture extérieure : appartements et duplex résultent d'une attention toute particulière portée au confort de la part de Shohreh Davar et de ses collaborateurs.

Pour chaque logement, compter au moins deux orientations et, surtout, de vastes ouvertures creusées dans les angles du bâtiment afin de dégager les perspectives. Lumineux.

Plus malin encore : un système de cloisons mobiles permet de moduler l'espace entre le salon et la cuisine selon les besoins. «Nous nous sommes battus pour obtenir ces portes coulissantes». Certes, ils sont quelques-uns à recourir aux parois rétractables mais, au 15 rue Boinod, le dispositif composé de panneaux se fixant les uns aux autres est particulièrement soigné.

Enfin, si les balcons aux garde-corps vitrés composent des surfaces extérieures agréables, la terrasse du duplex, qui s'étend sur dix mètres carrés, est plus saisissante encore.

Bref, aucun défi ne semble avoir freiné l'agence Davar & associés dans sa quête de 'l'habitabilité'. «Le principal défi est d'affronter la lenteur des décisions. Pour construire à Paris, il faut y croire. Il faut être motivé pour passer de commission en commission, de décision en décision mais si un dialogue se noue, et ce fut le cas ici, alors nous persévérons».