ZOOLOGIE - L'Arapaima, un poisson d’Amazonie équipé d'une armure contre les piranhas

L’arapaima, un gros poisson d'Amazonie, possède une véritable armure qui le protège des terribles morsures des piranhas. Des chercheurs ont découvert que les écailles de ce poisson aujourd’hui menacé sont à la fois dures à l'extérieur et flexibles à l'intérieur.



Les piranhas sont de redoutables poissons carnivores qui sèment la terreur dans les cours d'eau d'Amérique du Sud. Particulièrement gourmands, ils sont capables de se réunir en banc pour attaquer des proies plus grosses qu'eux. Il y a pourtant un poisson que ces prédateurs n'effraient pas : l'arapaima, également connu sous le nom de "pirarucu" ou "pirosca" au Brésil.

Cet animal est l'un des plus grands poissons d'eau douce du monde : certains spécimens peuvent peser plus de 200 kg et mesurer de trois à quatre mètres. Ce n'est toutefois pas sa taille qui le protège des piranhas, mais ses écailles ! En effet, des chercheurs ont récemment mené une étude sur les arapaimas et découvert que ces poissons carnivores d’Amazonie étaient protégés des morsures des piranhas grâce à une structure unique en son genre.

Une armure à plusieurs couches.

Selon les auteurs, "les écailles de l'Arapaima gigas agissent comme une armure naturelle à plusieurs niveaux de défense". Bien qu'elles ne fassent qu'un demi millimètre d’épaisseur, les écailles sont extrêmement minéralisées et donc très dures. Elles protègent ainsi l'Arapaima en empêchant la pénétration des dents des prédateurs. Elles sont même susceptibles de les briser net.

De plus, ces écailles sont superposées et ondulées, ce qui favorise la transmission d’énergie à la couche inférieure. Celle-ci est souple quoique deux fois plus épaisse. Elle est constituée de lamelles de collagènes torsadées et orientées dans des directions différentes, capables de se réaligner en fonction de la pression qu'elles subissent. Pour les scientifiques, cette "structure sophistiquée", quoique constituée d'"éléments biologiques simples", assure un blindage extrêmement performant.

En effet, si des piranhas s’attaquent à ce blindage, le choc des mâchoires sera amorti et réparti sur une large surface (grâce à la seconde couche), ce qui empêche le blindage extérieur de se casser. Il s’agit d’une version naturelle, mais plus perfectionnée encore, du gambison (couche matelassée qui doublait la cotte de mailles des chevaliers au Moyen-âge), relève les chercheurs repris par l'AFP.

Une espèce à préserver.

Bien que parfaitement immunisé contre les piranhas, l'Arapaima ne peut rien contre l’homme, particulièrement friand de sa chair. Abondamment pêché au XIXe siècle, il est désormais menacé d'extinction et inscrit sur la liste des espèces menacées. Les mesures de préservation étant jugées insuffisantes par de nombreux scientifiques, pour sauver l'espèce ils préconisent d'instaurer une activité d'élevage qui pourrait permettre d’approvisionner les marchés.

La chose serait d’autant plus envisageable que l'Arapaima, qui peut prendre jusqu'à 10 kilos par an, supporterait, d'après les spécialistes, des conditions d'élevage intensif grâce à sa faculté de vivre dans des environnements mal oxygénés.